Foto di Violette Portier
Emanuel Campo (France) est né en 1983 et vit actuellement à Lyon. Poète et auteur-interprète, il écrit autant pour la scène que pour la page. Les éditions la Boucherie littéraire publient en 2015 son premier recueil Maison. Poésies domestiques qui connaît sa quatrième édition en 2019. En 2018, paraît Puis tu googlas le sens du vent pour savoir d’où il venait aux éditions Gros Textes. En 2019, il publie Faut bien manger, encore aux éditions la Boucherie littéraire. Il déclame volontiers ses textes en public et participe à de nombreux festivals. Il a créé plusieurs spectacles de poésie et projets musicaux. Il collabore continuellement avec d’autres artistes et travaille régulièrement en tant qu’auteur ou interprète avec des compagnies de spectacle vivant. Son blog : www.ecampo.fr
Emanuel Campo (Francia) è nato nel 1983 e attualmente vive a Lione. Poeta e interprete, scrive tanto per il palcoscenico quanto per la pagina. Le Edizioni la Boucherie littéraire ha pubblicato nel 2015 la sua prima opera, Maison. Poésies domestiques che è arrivata alla sua quarta edizione nel 2019. Nel 2018, pubblica Puis tu googlas le sens du vent pour savoir d’où il venait per le edizioni Gros Textes. Nel 2019, ha pubblicato Faut bien manger, per Le Edizioni la Boucherie littéraire. Gli piace declamare i suoi testi in pubblico e partecipa a numerosi festival. Ha creato diversi spettacoli di poesie e progetti musicali. Collabora con altri artisti e lavora regolarmente come autore o performer con compagnie di spettacoli dal vivo
Fallait pas qu’on s’engueule
(in Maison. Poésies domestiques, éditions la Boucherie littéraire, 2015)
Fallait pas qu’on s’engueule sous la pression
du sommeil
de la fatigue
de la vie qui tire.
Fallait pas qu’on s’engueule sous la peau
d’un serpent qui en affronte un autre
du fleuve en crue
d’une mobylette débridée.
Fallait pas qu’on s’engueule dans la machine
à laver
à sécher
à éteindre.
Fallait pas qu’on s’engueule pour les voisins
qui nous écoutent excités
l’oreille collée au mur
à se toucher à chaque insulte.
Fallait pas qu’on s’engueule concernant
les p’tits
le P.A.C.S.
les grands-parents
le thermomètre anal qui tache les draps
plein de pisse.
Fallait pas qu’on s’engueule
sans les baisers qu’on racle
depuis le fond de la gorge
et qui fendent les lèvres
la musique à regrets.
Alors quoi ?
Fallait qu’on s’engueule contre nous-mêmes.
Rien de particulier
(in Puis tu googlas le sens du vent pour savoir d’où il venait, éditions Gros Textes, 2018)
Aujourd’hui, rien de particulier. Pourtant la colère, le nœud, la fumée, sont là. Mais pour le moment, le nœud, la colère, la fumée jouent sagement à l’intérieur. Sans trop taper dans les meubles. La colère, la fumée, le nœud. Ça remue juste. À peine. Pizzicato sur un nerf. Juste ce qu’il faut de fumée, de nœud, de colère, pour me faire quitter ma chaise. Et sentir que ça pique un peu. Et me dire que ce n’est pas grave. Et prédire que ce picotement et moi, on va faire de grandes choses ensemble.
Nous sommes l’arrière-garde
C’est bien Paris que tu vois s’éloigner de nous
dans un combi vintage de marque allemande
le long d’une autoroute flottante sur son lit de fantasmes rouges.
La ville lézarde entre les canyons puis disparaît peu à peu
derrière les collines de cactus
on ne la voit plus.
Elle dépasse le désert
et s’en va baiser une autre capitale
puis une autre et encore une autre.
Elle s’en va baiser avec celles qui le veulent bien
à deux ou en tricycle
dans un square ou au G20
ensemble elles feront des enfants sur Instagram
réuniront leurs plus grands artistes
fumeront quelques grammes pour fêter l’événement
partageront leurs richesses sur du papier glacé
entre l’encart pour un ice cream et la pub’ pour un café
elles financeront des écoles d’art et lors des vernissages
trinqueront à la mémoire de nos fiches de paies
en dansant sur des chansons de Snoop Dogg,
bow wow wow yippie yo yippie yay !
Nous sommes l’arrière-garde.
******
Traduzioni di Domenico Brancale
Non dovevamo litigare
Non dovevamo litigare spinti
dal sonno
dalla fatica
dalla vita che tira.
Non dovevamo litigare sotto la pelle
di un serpente che ne affronta un altro
di un fiume in piena
di un motorino truccato.
Non dovevamo litigare nella
lavatrice
nell’asciugatrice
nella spegnitrice.
Non dovevamo litigare per i vicini
che ci ascoltano eccitati
con l’orecchio incollato al muro
a toccarsi a ogni insulto.
Non dovevamo litigare per
i bambini
per l’unione civile
per i nonni
per il termometro anale che macchia le lenzuola
piene di piscio.
Non dovevamo litigare
senza i baci che raschiano
dal fondo della gola
e che crepano le labbra
la musica a malincuore.
Allora che?
Dovevamo litigare solo con noi stessi.
*****
Oggi, nulla di particolare. Eppure la rabbia, il nodo, il fumo sono qui. Ma per ora il nodo, la rabbia, il fumo giocano saggiamente all’interno. Senza sbattere troppo nei mobili. Si muove soltanto. Appena. Pizzicato su un nervo. Proprio quello che serve come fumo, nodo, rabbia per farmi alzare dalla sedia. E sentire che punge un po’. E dire a me stesso che non è grave. E predire che questo formicolio e me, faremo grandi cose assieme.
Siamo la retroguardia
È proprio Parigi che vedi allontanarsi da noi
in un furgoncino vintage di marca tedesca
lungo un’autostrada galleggiante su un letto di fantasmi rossi.
La città si insinua tra i canyon poi scompare un po’ alla volta
dietro le colline di cactus
non la si vede più.
Supera il deserto
e va a scopare un’altra capitale
poi un’altra e ancora un’altra.
Lei va a scopare con quelle che lo vogliono
a due o in triciclo
in una piazza o al G20
insieme faranno dei bambini su Instagram
riuniranno i più grandi artisti
fumeranno qualche grammo per festeggiare l’evento
divideranno le loro ricchezze su della carta patinata
tra l’inserto per un gelato e la pubblicità per un caffè
finanzieranno scuole d’arte e ai vernissage
brinderanno alla memoria delle nostre buste paga
danzando sulle canzoni di Snoop Dogg,
bow wow wow yippie yo yippie yay!
Siamo la retroguardia.