Bologna in Lettere 2021
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INTERNATIONAL POETRY REVIEW
Brice Bonfanti
Chant d’Occitanie
Creation video
Olivia HB
Brice Bonfanti, poète-œuvrier. Né Frigau en 1978, Avignon. Sept ans conservateur des manuscrits de Stendhal à Grenoble, et libraire aujourd’hui. Depuis l’an 2000 à Milan, écrit en premier lieu l’un après l’autre des Chants d’utopie, et les dit, psalmodie, en public. Un chapitre par chant est audible sur son site : www.bricebonfanti.com. Les Chants d’utopie sont publiés aux éditions Sens & Tonka, par cycles de neuf chants. Neuf cycles ont été annoncés. Collabore aux revues Catastrophes, Lundi Matin, 591, Contrelittérature, Nunc, L’Intranquille, Phoenix, Sarrazine, Recours au poème, La Revue des Archers, Philos (Brésil), Atelier (Italie)…
Chants d’utopie : troisième cycle, Sens & Tonka, 2021 (à paraître)
Chants d’utopie : deuxième cycle, Sens & Tonka, 2019
Chants d’utopie : premier cycle, Sens & Tonka, 2017
Olivia HB est née ailleurs un jour d’automne.
Bidouilleuse des profondeurs , Olivia HB recherche dans la réalité un autre relief, par la superposition, l ‘exposition multiple ou le découpage qui aurait le parfum des arts plastiques jusqu’à donner vie aux images en les animant une par une dans des films !
Elle a eu la chance et l’honneur de publier 4 livres en tant qu’illustratrice et diverses publications dans des magazines photographiques ainsi que plusieurs films dans des galeries .
Elle est également la créatrice de la revue « Les Impromptus » , revue artistique réunissant artistes plasticiens et auteurs pour créer une oeuvre à quatres mains.
Elle vous remercie également d’avoir lu ceci jusqu’à la fin !
Chant d’Occitanie – Preambule
Au début j’ai rêvé, les Chants d’utopie,
de les former en occitan, carrément !
rondement ! quadratureducerclement.
Ce rêve eut lieu en l’an 2000 à Milan
où je rencontrai : le meilleur œuvrier
Dante, et de lui, ses maîtres d’Occitanie.
Ma paresse, ce rêve, elle le refoula ;
et refoulé, le rêve pas annulé
se défoula par d’autres voies : il chercha
à pénétrer le français, avec douceur,
avec force, avec surtout force douceur.
J’écris ce chant, comme les autres, en français,
en langue morte, et monotone, et atone,
qui n’est pour moi, sa proie, qu’un cheval de Troie.
Mon corps comme les autres, kyrielle, est enclave
dans les légions romaine et française, en lave ;
mon corps, cheval de Troie, le français pour proie.
J’aimerais coloniser la langue morte
par l’outrevie enclave au pire, hors empire,
par la langue enclave, le cœur enclave au pire
hors empire du pire, l’enclave de vie.
Les parisiens ont raison : ils sont la france.
Hors paris pas de france : des provinces – vaincues,
dominées, diminuées et rendues tues.
Tel tout état, l’état français, esclave, torve,
l’état torve, le tas de morte morve, nous tance :
« Je vous arracherai la langue – hors vos corps.
Vous n’aurez plus de langue directe, connue,
sue, issue, de votre premier bain d’enfance.
Vous n’aurez qu’une langue indirecte, polie,
un habit, qui ne sera pas votre peau
sauf une illusion – d’avoir pour peau l’habit.
Une seule parole, dite en votre langue
je l’étale à l’étau, la scie à la scie
pour que vous hurliez ma langue de supplice. »
Les parisiens ont raison : ils sont la france.
Hors, nous ne sommes pas la france, quelle chance !
L’Occitan s’est souvenu en un instant
que son accent est la trace d’une langue
tue par celle de paris, celle zombie,
qu’il rend bien ridicule, en l’accentuant :
l’occitan, en la colonisant d’accent,
manifeste : son incompétence en chant.
Pas d’accent, pas de rythme, pas de chant, pas d’hymne.
Imagine un français parlant occitan !
Pas d’accent, pas de rythme, pas de chant, pas d’hymne.
Imagine un ulcère chantant la paix !
Pas d’accent, pas de rythme, pas de chant, pas d’hymne.
Quel accent il aurait ! un accent râlant,
un accent de cadavre automate, autocrate,
qui impose sa mort à tous les vivants.
Le français est une langue morte ! morte
depuis sa naissance ! qui avorte, qui avorte
de l’accent, absent, du sang de la cadence.
Il faut lui donner vie, au cadavre-né !
Il faut lui insuffler, lui inoculer
d’autres langues vivantes, jusqu’à ce qu’il chante !
S’il ne veut pas chanter, nous l’y forcerons.
avec force douceur, nous l’y doucerons.
Que de cadavre il se fasse : havre, de vie havre !
***
Canto d’Occitania – Preambolo
All’inizio ho sognato, gli Chants d’utopie,
di comporli in occitano, acutamente!
rettamente! quadraturadelcerchiamente!
Feci questo sogno nel 2000 a Milano
dove incontrai: il miglior fabbro
Dante e, grazie a lui, i suoi maestri d’Occitania.
La mia pigrizia, questo sogno, lo cacciò
e cacciato, il sogno non cassato
per altre vie si spinse; provò
a infilarsi nel francese, con dolcezza,
con forza, soprattutto con forte dolcezza.
Scrivo questo canto, come gli altri, in francese,
in lingua morta, e monotona, e atona,
che per me, sua preda, è solo un cavallo di Troia.
Il mio corpo come gli altri, corale, è enclave
nelle legioni romana e francese, lavica;
il mio corpo, cavallo di Troia, e il francese preda.
Vorrei colonizzare la lingua morta
con l’oltrevita enclave al peggio, fuori impero,
con la lingua enclave, il cuore enclave al peggio
fuori impero del peggio, l’enclave di vita.
I parigini hanno ragione: sono loro la francia.
Fuori parigi niente francia: province – vinte,
dominate, diminuite e ammutolite.
Come ogni stato, lo stato francese, schiavo, torvo,
lo stato torvo, il mucchio di muco morto, ci rampogna:
«Vi strapperò la lingua – fuori corpo.
Non avrete più una lingua diretta, schietta,
nota, nata, dal vostro primo bagnetto.
Avrete solo una lingua indiretta, affettata,
una veste, che non sarà la vostra pelle
salvo un’illusione – di avere per pelle la veste.
Una sola parola, detta nella vostra lingua
la smorzo nella morsa, la sego con la sega
per farvi urlare la mia lingua-supplizio.»
I parigini hanno ragione: sono loro la francia.
Fuori, noi non siamo la francia, che fortuna!
L’Occitano si è rammentato in un lampo
che il suo accento è ormai l’orma di una lingua
ammutolita da quella di parigi, quella zombie,
che rende ridicola, accentandola:
l’occitano, colonizzandola d’accento,
smaschera: la sua imperizia nel canto.
Niente accento, niente ritmo, niente canto, niente inno.
Immagina un francese parlare in occitano!
Niente accento, niente ritmo, niente canto, niente inno.
Immagina un’ulcera cantare la pace!
Niente accento, niente ritmo, niente canto, niente inno.
Che accento avrebbe! un accento-rantolo,
un accento di cadavere automa, autocrate
che impone a tutti i vivi la sua morte.
Il francese è una lingua morta! morta
dalla nascita! un aborto, un aborto
d’accento, assenza, sangue della cadenza.
Bisogna dargli vita, al neomorto!
Bisogna insufflargli, inoculargli
altre lingue vive, perché canti!
Se non vuole cantare, noi lo forzeremo,
con forte dolcezza, noi lo dolceremo.
Che da cadavere diventi: oasi, di vita oasi!
(Traduzione Francesca Del Moro)